L'art de la dérision
L’art de la dérision
Romain Gary nous dit que « Le rire, la moquerie, la dérision sont des entreprises de purification, de déblaiement. Ils préparent des salubrités futures. »
Pour atteindre la maîtrise de l’art de la dérision, commençons par l’appliquer à nous-mêmes : rire de nous-mêmes, nous critiquer nous-mêmes est un exercice des plus sains qui pourrait permettre une analyse sans compromis de nos travers et nous permettrait de nous recadrer dans la race à laquelle nous appartenons, la race humaine.
Cet exercice ravalerait en nous toute velléité de supériorité ou de désir de repli sur nous-mêmes. Cela nous permettrait de prendre de la distance par rapport à l’ego, par rapport au « je » pour mieux nous intégrer dans la conscience de l’appartenance à la race humaine. L’évolution n’est pas achevée. Elle en est encore à ses balbutiements. Si l’évolution était achevée, les conflits observés n’auraient pas lieu d’être.
Des hommes croient tout savoir et regardent les autres de haut. Pourtant la connaissance est un puits sans fond. Nul ne peut prétendre la posséder. Des philosophes, des scientifiques ou des enseignants spirituels sont apparus à des époques spécifiques et continuent à re-naître ici et là, apportant leur contribution en vue du progrès de l’humanité. Leur mission achevée, leurs disciples ou élèves se chargent de répandre une philosophie, une science ou un enseignement spirituel servant à édifier les hommes et à faire naître en eux une prise de conscience de leur appartenance au tout.
Car l’évolution humaine implique l’oubli de soi pour l’adhésion au tout. Ce que les hommes ont du mal à accepter. Le « soi égoïste » n’a jamais contribué ni ne contribuera jamais à faire progresser la race entière. Nous l’avons bien vu, à travers l’histoire de l’humanité, les résultats désastreux du règne du « je ». Qu’est ce qui pourrait être plus salutaire à l’homme que la pratique de l’auto dérision pour l’amener à une plus juste conception de son rôle et de sa véritable place sur terre ?
Certes l’exercice paraît impossible, tellement nous sommes habitués et attachés à nos prérogatives personnelles. Mais l’homme n’a pas d’autre choix que d’accepter le concept de l’unité. L’auto dérision nous permettra sans nul doute d’avoir une perspective bien plus élargie du but de notre existence.
C’est alors que nous pourrons cultiver sans crainte et sans honte l’art de la dérision et l’appliquer à nos gouvernements respectifs, à nos principes, à nos institutions et finalement à nos vains efforts personnels pour atteindre une perfection qui n’a de consistance que dans notre imagination.
La connaissance de nous-mêmes et des autres passe inévitablement pas notre maîtrise de l’art de la dérision appliquée à tout ce qui constitue notre vie. Il s’en suit le lâcher prise, l’abandon de la partie limitée de notre être afin que nous puissions vraiment être enseignés et prêts à recevoir la véritable connaissance, la seule qui serve à l’évolution humaine, la connaissance spirituelle, qui est la vie.
